Cette collection, créée en 2016 et dirigée par Christophe Vuilleumier, abrite des essais sur des sujets historiques en lien, pour la plupart, avec la Suisse. Elle est publiée aux éditions Slatkine. https://www.slatkine.com/fr/homecategory/editions-slatkine 

Les hommes démontrent depuis des milliers d’années qu’ils sont capables d’une cruauté extrême. Les guerres qu’ils livrent ont de tout temps engendré les conditions idéales pour les actes de barbarie les plus innommables. L’abomination des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale a irrémédiablement choqué, entraînant les définitions fondamentales des notions de crime de guerre et de crime contre l’humanité.

Mais comment se positionner par rapport à ces actes, lorsque l’on constate, septante ans après Nuremberg, après le Viêt-Nam, le Rwanda, l’ex-Yougoslavie et tant d’autres conflits, que les tribunaux internationaux servent en fin de compte, lorsque les drames sont consommés? Comment envisager le poids des responsabilités alors que tant d’autres crimes de guerre restent impunis, hors du champ des caméras ?

Le cas du Generalleutnant de la Wehrmacht Hans Schaefer, mis en lumière par l’historien Claude Bonard sur la base des témoignages d’acteurs de la bataille de Marseille, permet de se pencher sur le cas très concret d’un officier appartenant au camp des vaincus et ayant servi tant sur le front de l’Est qu’en France. Appartenant à une caste de militaires imprégnée d’honneur et de fierté, ce général de division ne devait pas être poursuivi par la justice des vainqueurs d’après-guerre puisque considéré innocent des crimes perpétrés par les nazis. Un soldat de métier ordinaire?

Dans la foulée des recherches de Claude Bonard sur le «cas » Schaefer, cet honneur au service du diable permet aux historiens Olivier Meuwly, Hervé de Weck et Christophe Vuilleumier de mener une réflexion sur la guerre, les combattants et l’imprescriptibilité des crimes de guerre.

 

Au tournant du siècle, de nombreux nuages se sont accumulés sur les relations entre l’Italie et la Suisse. Les autorités helvétiques, inquiètes de la montée du nationalisme et du militarisme italiens, s’attendaient à une attaque sur leur frontière sud et préparaient un impressionnant système de fortification. À plusieurs reprises, même au sommet de l’armée, on évoqua la possibilité d’une alliance avec l’Autriche-Hongrie et même d’une attaque préventive contre le Royaume d’Italie.

Le gouvernement italien redoutait, avec la détérioration de la Triple Alliance, une germanisation de la Confédération. Les structures militaires défensives suisses étaient considérées comme une menace. Tandis que les chefs d’État parlaient de paix, les principaux états-majors des deux armées préparaient la guerre.

Considéré comme ayant une grande valeur stratégique, le canton du Tessin est au centre de l’attention des deux États. Appelée à jouer un rôle crucial dans cette situation délicate, la Suisse italienne tente de construire sa propre identité entre la défense culturelle de l’italianité et l’affiliation politique à la Confédération.

Ce livre retrace un demi-siècle de relations italo-suisses, de l’unification de l’Italie à la Grande Guerre. Les deux auteurs analysent les relations complexes entre le Royaume italien et la République suisse, examinant le lien étroit qui existe dans les deux pays entre les besoins politiques et les exigences militaires. Cette étude se base sur la consultation d’une documentation longtemps couverte par le secret d’État, La géographie militaire de Suisse, rédigée par le chef de l’état-major suisse Arnold Keller.

MAURIZIO BINAGHI (1972), licencié en lettres à l’Université de Fribourg, est professeur d’histoire au lycée cantonale de  Lugano. Ses études portent sur le XIXe siècle et sur le droit d’asile. Il a publié le volume « Addio, Lugano bella ». Gli esuli politici nella Svizzera italiana di fine Ottocento (1866-1895) (Locarno, Dadò, 2002).

ROBERTO SALA (1971-2015), licencié en lettres à l’Université de Fribourg, a été professeur au lycée cantonale de Mendrisio. Spécialiste des relations internationales et d’histoire militaire, il a publié l’essai Il conflitto delle Falkland/Malvinas : un’analisi sistemica (Milan, Franco Angeli, 1996).

 

En janvier 1916 la presse suisse révèle que les colonels Egli et von Wattenwyl, respectivement sous-chef de l’état-major et chef du service de renseignement de l’Armée, ont transmis aux attachés militaires allemand et austro-hongrois le Bulletin journalier d’informations de l’État-major général. Cette affaire conduira à un procès et agitera l’opinion publique et le monde politique durant plusieurs mois. Le cryptologue lausannois André Langie, déclencheur de l’affaire, avait découvert que certains télégrammes de l’attaché allemand se référaient à l’État-major général comme source de ses informations. En fait, un grand nombre était tiré du Bulletin, ce que Langie ignorait. Lors du procès, de nombreux éléments ont été dissimulés en raison du secret d’État et détruits après le procès, mais en 2018 les archives militaires russes révèlent que l’attaché russe à Berne avait aussi reçu des informations de sources suisses, dont l’État-major général. Initialement responsable du décryptage des dépêches russes, Langie avait suspecté leur transmission aux Allemands, mais sans preuves et ce chef d’accusation n’a pas été retenu. Des documents inédits découverts en Suisse, rapportant les confidences de Langie à son médecin, semblent cependant confirmer cette seconde infraction au statut de neutralité. Le procès de 1916 illustre les entraves que ce statut impose aux activités du service de renseignement, dont le but est d’assurer à tout prix la sécurité du pays face à plusieurs ennemis potentiels. L’auteur décrit également le cryptage et le décryptage inédits des dépêches de l’attaché militaire russe à Berne.

FRITZ STOECKLI (1942), originaire de Zurich et Yverdon, a été professeur à l’université de Neuchâtel et commandant d’une brigade frontière. Membre étranger du centre d’études soviétiques de la Royal Military Academy Sandhurst (1984-1993) et conférencier au Staff College Camberley, il est l’auteur de travaux sur les opérations de l’armée soviétique de la Seconde Guerre mondiale à la fin de la Guerre froide. Il a été membre du comité de l’Association suisse d’histoire et de sciences militaires/ASHSM (1991-2007), puis membre du bureau de la Commission internationale d’histoire militaire de 2005 à 2015. En 2010, l’École Royale Militaire de Belgique a décerné au Brigadier Stoeckli le titre de docteur honoris causa pour ses travaux.

 

Quel étrange destin amena la fille de Staline à séjourner en Suisse ? Durant six semaines du printemps 1967, Svetlana Allilouïeva trouva refuge dans ce pays, sous le faux nom de Miss Carlen. Fuyant l’URSS depuis l’Inde, elle s’adressa d’abord à l’ambassade des États-Unis, qui l’envoya clandestinement à Rome. Mais aucun pays ne souhaitait lui accorder l’asile politique.

Sous la pression américaine, c’est en Suisse qu’elle dut patienter pendant près de deux mois, avant que les États-Unis ne daignassent l’accueillir, en tant que simple immigrée. Pendant ce temps, la Suisse mit en oeuvre une « opération Svetlana » pour garder secrets les lieux de séjour de cette fausse touriste. Aucun contact avec la presse, aucune déclaration politique ne lui furent autorisés.

Ainsi, la dissidente la plus fameuse de l’histoire de la Guerre froide se trouva réduite au silence, à cause des enjeux de politique internationale et des raisons d’État. Les plus hautes autorités helvétiques furent mises au défi de gérer cette affaire qui ressemble à un roman policier, avec des épisodes faisant intervenir les services secrets. C’est en Suisse que le destin de la fille de Staline se joua. George Kennan vint l’y trouver pour régler les formalités de son départ. Emmanuel d’Astier de la Vigerie, pour tenter de la dissuader de se rendre aux États-Unis. Ce livre raconte pour la première fois cette histoire méconnue, à partir d’archives, de témoignages et de correspondances inédits.

JEAN-CHRISTOPHE EMMENEGGER, journaliste, historien et homme de lettres, licencié en lettres à l’Université de Fribourg, il mène des recherches en lien principalement avec la Suisse et l’URSS.

 

Cet ouvrage témoigne des journées d’étude « Penser/Classer les collections des sociétés savantes » organisées en novembre 2016 par la Société des arts de Genève dans le cadre du projet de valorisation de ses ressources historiques. Ces ateliers invitaient à s’interroger sur la constitution et les usages des collections des sociétés savantes actives en Europe à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, et à partager des expériences sur la manière dont elles sont conservées et valorisées de nos jours. Ces ressources historiques soulèvent de nombreux défis pour qui entend assurer leur préservation, leur  pérennisation et leur valorisation.

Comment sont-elles intégrées à la recherche historique ? Comment leur avenir est-il envisagé ? Comment sont-elles mises en valeur auprès du public ?

Sous la direction de Sylvain Wenger. Avec les contributions de Jérôme Baudry, Vincent Chenal, Françoise Dubosson et Dominique Zumkeller

 

Hors série:

 

Un trésor est en danger. Une documentation ininterrompue de mille ans s’effiloche et prend l’eau. La mémoire d’une cité. Il faut reconstruire mais pas n’importe comment.

Le temps d’un hiver, quelques experts parmi les plus compétents de Suisse vont repenser à Genève les Archives d’Etat. Leurs réflexions portent sur le sens et sur la matière. Ils parlent histoire,  sociologie, urbanisme, technologie. Les points de vue sont contrastés, les débats vivants. Rarement réflexion d’un tel niveau aura été menée avant le concours d’architecture d’un bâtiment public. C’est ce processus que raconte ce livre.

ANDRE KLOPMANN, écrivain, directeur de l’Office cantonal de la culture et du sport du canton de Genève.

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