Une société d’histoire vieille de 179 ans

L’assemblée constitutive de la Société d’histoire de la Suisse romande réunit à Lausanne, le 6 septembre 1837, 45 membres fondateurs, tous Vaudois, sauf six d’entre eux qui représentaient les autres cantons romands. Ces intellectuels libéraux appartenaient tous à la bourgeoisie urbaine venue au pouvoir avec la Révolution de 1830: faut-il préciser qu’aucune femme n’y fut présente?
C’est au sein d’une institution libérale par excellence, la Société vaudoise d’utilité publique que deux hommes, Frédéric de Gingins-La Sarra (1790-1863) et Louis Vulliemin (1797-1879) suscitèrent la création de la SHSR avec l’ambition de contribuer à la réalisation du but général des Sociétés d’utilité publique : débattre des problèmes de société et proposer toute solution susceptible d’améliorer la vie de leurs concitoyens. Louis Vulliemin, le premier président de la SHSR de 1837 à 1855, expliquait ainsi sa conception du métier d’historien et les motifs de son engagement en faveur de la SHSR:
«Toujours davantage je me persuade que l’étude approfondie d’une époque et d’un point dans l’histoire est la méthode la plus sûre pour arriver à l’intelligence des choses humaines, à la condition toutefois qu’à son tour l’étude des choses humaines vienne féconder le champ péniblement sillonné. Rien de grand, rien de vrai, qui ne porte sur deux pôles, qui ne rallie les faits à l’idée et ne redescende de l’idée dans les faits […]. En même temps que, par tant de points, notre histoire est celle de l’humanité, elle porte un cachet qui lui est propre; car ce pays, qui est un carrefour de l’Europe, est aussi une terre d’abri, un lieu de retraite derrière les montagnes qui lui conservent son originalité» (Journal de la Société vaudoise d’utilité publique, t. XII, 1844, p. 360-362). Longtemps, la SHSR a privilégié l’histoire médiévale et l’édition de textes et se donna des allures élitaires et scientifiques, avec l’arrière-pensée d’éviter ainsi le débat politique. Fondée un an avant la Société d’histoire et d’archéologie de Genève et quatre ans avant la Société générale suisse d’histoire, elle est la plus ancienne des sociétés cantonales d’histoire de la Suisse romande. Vaudoise par naissance, la SHSR en conserve la marque : ses effectifs sont aujourd’hui encore à prédominance vaudoise, malgré l’effort fait dans les années 1980 d’élargir son implantation. Les femmes furent officiellement admises au sein de la Société en séance du 27 janvier 1908 – elles paraissent l’avoir fréquentée assidûment dès 1900 – et Mme Lucienne Hubler sera la première à en prendre la présidence de 1975 à 1978.
En 1838, la SHSR a lancé sa collection des 
Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire de la Suisse romande. À ce jour, la collection forme quatre séries et compte plus de 80 volumes, y compris les volumes hors série. En 2001, une nouvelle collection Pour mémoire a été ouverte pour accueillir des travaux de plus modestes dimensions. Si l’édition a constitué l’une des plus importantes activités de la SHSR, il ne faudrait pas cependant passer sous silence ses initiatives de sauvegarde du patrimoine, les nombreuses communications qui furent présentées lors de ses séances ordinaires – la première par une femme en 1906 – ou ses voyages d’études.

Tiré de Gilbert COUTAZ,
«La Société d’histoire de la Suisse romande : enjeux et défis en 160 ans d’existence»,
dans Annales valaisannes, 1996, p. 25-39

Assemblée générale à Romainmôtier en 1905

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nouvelle parution ! Les métiers du bois à Genève, des origines à nos jours, histoire d’une association

Le 5 mai 1315, le vidomne rendait un jugement en faveur de la corporation des charpentiers genevois. Dès lors, ce métier et plus généralement les arts concernant le bois allaient être organisés de manière professionnelle.

Les magisters du bois de la confrérie de Sainct Blays et saincte Anneallaient traverser les siècles et connaître la réforme de Calvin qui devait modifier complètement leur organisation. Mais, si les saints avaient disparu, Dieu demeurait, tout comme les rabots des menuisiers, les faux des moissonneurs ou les couteaux des bouchers. Époque du temps lent s’écoulant au gré des saisons, du geste ancestral répété encore et toujours, de mots prononcés dans le vent, ère
d’un savoir oral, d’une connaissance manuelle, le vieux transmettant au jeune sa sagesse et la science de son art, toute la mémoire de ses prédécesseurs, les artisans du bois allaient connaître leur premier règlement «moderne», aux consonances étrangement contemporaines, en 1635.

S’approvisionnant au port au bois de Genève, les charpentiers allaient se spécialiser au gré du temps, devenant menuisiers, ébénistes ou encore parqueteurs.

Au XIXe siècle, ils allaient, sous la pression démographique et les évolutions politiques, resserrer les liens associatifs et former une structure professionnelle mêlant patrons et ouvriers, maîtres et apprentis. Confrontés à l’austérité de la Grande Guerre, plongés dans les affres des conflits syndicaux des années 1930 qui secouèrent Genève et finalement soumis à la crise de la Seconde Guerre mondiale, les artisans du bois parvinrent à maintenir leur cohésion jusqu’à nos jours.

Héritiers d’une tradition vieille de plus de 700 ans, légataires d’une association professionnelle constituée il y a un siècle, les métiers de l’art du bois constituent au XXIe siècle l’une des branches les plus actives du monde professionnel genevois.

par C. Vuilleumier

Revue de presse:

Le gGmb fête ses 125 ansin L’industriel du bois (14.01.2016)

“Un bel anniversaire” in  Entreprise romande (15.01.2016)

 “Des livres à offrir” in Le Chênois (24.12.2016)

“Cent vingt-cinq ans de métiers du bois a Genève” in Entreprise romande (18.12.2016)

“UNE ANNÉE DE JUBILÉ” in L’extension (14.12.2016)

“Une semaine, un livre” in Confédéré (27.11.2016)

 

La Suisse et la Guerre de 1914-1918. Parution en septembre 2015

« Le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale a été
l’occasion pour la Suisse de revenir sur cette période qui, durant des
décennies, n’a guère suscité l’intérêt des chercheurs, jusqu’à ces dernières
années. Peut-être fallait-il digérer l’épisode douloureux pour la fierté
nationale de la publication, à la fin des années 90, des conclusions du «
rapport Bergier » sur l’attitude de la Suisse pendant la Deuxième Guerre
mondiale, avant d’aborder l’autre guerre, celle des poilus français et des
Landsers prussiens, des trains de réfugiés sillonnant le pays en tous sens
et des dragons montant la garde aux frontières. Le colloque international,
tenu du 10 au 12 septembre 2014 au sein du château de Penthes à Genève, en
présence de nombreuses personnalités officielles, a vu se succéder plusieurs
dizaines de conférences, sur des sujets parfois inédits, et réunis dans cet
ouvrage. Sont abordés ainsi la scission linguistique de la Suisse, la
propagande des pays en guerre, le rôle de l’armée suisse, la présence des
révolutionnaires sur le territoire, l’action du CICR bien évidemment et les
blessés accueillis dans les cantons, mais également les Suisses engagés dans
les armées étrangères, le rapatriement de 500’000 réfugiés français de Bâle
à Genève, ignorés des historiens jusqu’il y a peu de temps, les évolutions
des partis politiques ou les plans suisses d’invasion de l’Italie du Nord.
La Première Guerre mondiale allait influencer le destin de la Suisse de
manière durable et entraîner l’établissement sur son territoire de la
Société des Nations, dont l’Organisation des Nations Unies prit le relais en
1945. »

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